mercredi 30 avril 2008

COSTUMES ET ESSAYAGE



COSTUMES

LES COSTUMES

LES SORCIÈRES DE SALEM


L'élève sera évalué quant à la pertinence des costumes trouvés. Étant donné qu'il y a plusieurs comédiens qui jouent le même personnage, nous avons avantage à simplifier les costumes. Si nous suggérerons quelques éléments d'époque, nous prendrons également quelques libertés.

Quant aux costumes que j'ai loués, vous serez avisés prochainement pour séance d'essayage.


Abigael: (6)

Acte 1: Clémence Viau, Lily Gabrielle Champagne , Ana-Maria Actarian

Acte 3: Catherine Toupin, Catherine Fernet, Marie-Michèle Do

Jupe noire plus courte , chemise blanche, bandeau rouge, collant rouge

Suzanna Walcotts

Acte 1: Mathilde Gouin Bonenfant

jupe noire, tablier blanc sur la jupe , chemise noire ,
Betty

Acte 1: Maryse Morin
Jaquette blanche

Proctor :

Acte 1: Gabriel Rolland Huard, Vincent Favron, Didier Monereau
Acte 2: Anglesh Major
Acte 3: Jean Gabriel Martin

Barbe (poche de thé+vaseline)
Pantalon noir
Bottes de construction
Chemise carrotté noir et rouge

Madame Putnam
Acte 1: Dihya Sarra Chertouk, Emilie Arage, Keyla Tiburcio Carneiro

Monsieur Putnam
Acte 1: Ian Pilote, Jean-Francois Higgins, Jules Robillard

Mary Warren

Acte 1: Camille Fortin
Acte 2: Malaika Lafleur, Kenneth Edouard
Acte 3: Caroline Boucher



Mercy Lewis
Acte 1:Margaux Bennardi

(comme Mary Warren )

Gilles Corey:

Acte 1: Michael Siedlack
Acte 2: Frédérick Blanchette
Acte 3: Tommy Rivard Garcia
Les cheveux lissés par en arrière
Blanc dans les cheveux
Bottes de contruction
Chapeau de paysan


Tituba
Acte 1: Maudeline Louis, Kedia Milius, Ferlande Eliacin
Turban , poche de patate comme costume , pied nus


Elizabeth Proctor:

Acte 2: Vanessa Fioramore Daniella Belzius
Acte 3: Sophie Dupuis, Lydia Labbé
Les cheveux cachés par un foulard bleu-Jupe longue noire-Chemise blanche

sandales

RÉVÉREND PARRIS

Acte 1: David Chouinard , Olivier Deschênes
Acte 3: Gabriel Aubert, David Chouinard

Complet noir-Un colet blanc


HALE

Acte 1: Jérémie Girard
Acte 2: Marc-André Simard
Acte 3 : Marek Morawski

Chemise blanche, pantalon noir, bretelles noire , Un béret noir


DANFORTH :
ACTE 3: Azam Allout Abdellah, Alexandre Gadoury

Toge noire
colet spécial

JUGE HATHORNE
Acte 3: Olivier Quintin

Toge noire....colet spécial(colet différent de Danforth) (collet rouge)


REBECCA NURSE
Acte 1, Acte 3: Virginie G.Leblanc
jupe noire, chemise noire, un châle blanc, un fichu blanc

FRANCIS NURSE

Acte 3: Félix Lanviault Vallières

Les cheveux blancs
Canne (ou bout de bâton)



Cheever

Acte 2: Hassan Jouni
Acte 3
: Hugo Mathieu

(à voir avec les costumes loués)
Willard

Acte 2: Simon Falardeau
Acte 3 : Marc Lesly

mardi 29 avril 2008

ÉVALUATION DERNIERE ÉTAPE CYRANO

ÉVALUATION DERNIERE ÉTAPE PROGRAMME MOTEUR CYRANO THEATRE

Voici des tâches et des critères s'appliquant aux notes de la dernière étape en théâtre pour le projet Cyrano. Tous les critères ne peuvent pas correspondre pour un seul élève et toutes les tâches ne sont pas nécessairement remplies pour chaque projet.


CONCENTRATION (Tous)

RESPECT DE SOI, DES AUTRES, ATTITUDE (Tous)

SUPPORT AU GROUPE, A UN PARTENAIRE (tous)

CRÉATIVITÉ (tous)

L'AUTONOMIE, /ÊTRE RESPONSABLE/ MATURITÉ (tous)

LE RESPECT DE SOI et DES AUTRES (Tous)

DISPONIBILITÉ EN DEHORS DES HEURES DE COURS (tous)

RESPECT du MATÉRIEL (tous)

PRÉSENCE aux COURS (tous)

CAPACITÉ de COMMUNIQUER ses IDÉES (tous)

APPORTER AIDE et COMMENTAIRES CONSTRUCTIFS (tous)

POSITIVISME et ESPRIT DE GROUPE (tous)

ORIGINALITÉ et SENS ARTISTIQUE (tous)

VENTE des BILLETS (tous)

CONNAISSANCE du TEXTE (tous)

CAPACITÉ de RECONNAÎTRE ses ERREURS (tous)


MÉMORISATION (comédien)

Les MIMIQUES SONT EXPRESSIVES et ANIMÉES (comédien)

L'INTONATION EST EXPRESSIVE (comédien) PROJECTION DE LA VOIX, (comédien) COMPOSITION DE LA VOIX (comédien) ARTICULATION (comédien)

ÉVOLUTION et PROGRÈS (Tous)

CONTRÔLE ET FORCE DU GESTE (comédien)

LES GESTES SONT EXPRESSIFS, ANIMÉS (comédien) L'ÉCOUTE DU OU DES PARTENAIRES (comédien) RANGER SON COSTUME SUR SON CINTRE (comédien) APPORTER SES ÉLÉMENTS SUR SCÈNE (comédien)

COACHING DES COMÉDIENS, Les AIDER à MÉMORISER LEUR TEXTE (faire des italiennes avec eux)

SUIVRE LES RÉPÉTITIONS ET APPORTER SES COMMENTAIRES ÉCRITS AU METTEUR EN SCÈNE

ÊTRE CAPABLE DE SUIVRE LE TEXTE ET D'AIDER LE COMÉDIEN EN CAS DE BLANC DE MÉMOIRE (souffleur)

APTITUDES À LA CONCEPTION ARTISTIQUE
(mise en scène, maquillage, costumes, bande sonore, accessoires, décor, affiches, programme, vidéo,)

AIDE AUX MAQUILLAGES

(L'élève choisit un personnage et maquille un élève dans l'esprit du personnage. De l'époque, des circonstances etc.)

La PERSONNE de SERVICE/ MESSAGER

AIDE à la FABRICATION du DÉCOR (menuiserie, peindre, décoration) RÉPARER UN ÉLÉMENT DU DÉCOR. RÉPARER UN ACCESSOIRE. TRANSFORMATION d'un ACCESSOIRE .
CONCEPTION et FABRICATION d'un ACCESSOIRE


REPRISER un COSTUME /REPASSER un COSTUME/ NETTOYER un COSTUME /TRANSFORMATION d'un COSTUME

FAIRE un CAHIER de RÉGIE (Régisseur)

LE SOUFFLEUR (Avoir un texte avec toutes les modifications)

MESSAGER (communication)

ÊTRE CAPABLE DE FAIRE DES ACHATS PERTINENTS APPELER DES FOURNISSEURS

PROPRETÉ (Nettoyer le local après le travail.. .pinceau, passer le balais, ranger) NETTOYER LES LOGES NETTOYER LES COULISSES NETTOYER LE LOCAL DE RÉPÉTITIONS

RESPECTER LE SILENCE DANS LES LOGES


AFFICHER LES AFFICHES DU SPECTACLE (dans l'école et à l'extérieur de l'école)

ORGANISER une CAMPAGNE PUBLICITAIRE (Interphone)

PRENDRE des PHOTOS desRÉPÉTITIONS ET du SPECTACLE

FILMER des EXTRAITS de RÉPÉTITION et FILMER le SPECTACLE

ORGANISATION d'une CAMPAGNE deFINANCEMENT

FAIRE le PROGRAMME du SPECTACLE

FAIRE un VIDÉO MULTIMÉDIA

FAIRE un VIDÉO REPORTAGE sur LE PROJET en COURS (Interviews)

Maquillage Sorcières



Mary Waren: Teint pâle, rouge à lèvres de couleur rose
Les Sorcières: Teint vraiment pâle , ombre à paupières (couleur vert), lèvres bourgognes
Abigael: Teint vraiment pâle aussi, ombre à paupière noire, rouge à lèvres de couleur bourgogne.

Elizabeth: Un peu de poudre au visage , du mascara blanc sur les sourcils. Lèvres Beiges.

Pour tous les paysans/fermiers: Un peu de saleté sur le visage

Les bourgeois: Poudre blanche , joues rosées

Spray gris pour vieillir la coiffure







Maquilleurs: Lydia Labbé, Patryja Szkrobol, Valérie Pruneau, Sagine Bernard, Emilie Arage, Naomi Bologna, Maryse Morin, Julie-Anne Laliberté, Emly Monestime, Camille Lee

lundi 28 avril 2008

analyse de zone

Drame en trois actes


Dans les années cinquante, à Montréal, dans un quartier populaire, s’est formée une bande d'adolescents issus d'un milieu ouvrier très modeste, quatre garçons : Tarzan, Moineau, Tit-Noir, Passe-Partout, et une fille : Ciboulette. Tarzan est leur chef ; toute la bande l’admire, à l'exception de Passe-Partout qui le jalouse parce que Ciboulette l’aime. Ils squattent une usine désaffectée et participent à la contrebande de cigarettes américaines que Tarzan se procure en allant les chercher aux États-Unis, franchissant illégalement la frontière chaque semaine. Mais voilà qu'un jour, sous l'effet de la peur et de la panique, il perd ses moyens et tue le douanier qui l'a surpris.

Quand il est de retour au repaire, la police survient et les amène tous au poste. Interrogés séparément, ils se font un honneur de protéger Tarzan. Mais les policiers ont du métier et savent cuisiner les jeunes, qui, tour à tour, donnent des éléments de réponses permettant de comprendre l'essentiel de l'histoire. Ciboulette, apprenant qu'un douanier a été tué, témoigne en amoureuse, cherchant à protéger moins le groupe que Tarzan, tentant de mettre les policiers sur une fausse piste, en racontant que quelqu'un venait leur livrer les cigarettes. Lorsqu’à son tour, il entre en scène, c’est en amoureux qu’il se porte farouchement à la défense de Ciboulette. Mais Passe-Partout le trahit, il doit avouer et est emprisonné.

Alors que Passe-Partout tente de s'imposer comme chef, après trois jours de détention, Tarzan s'enfuit de la prison dans le seul dessein de revoir Ciboulette pour lui avouer son amour, pour redevenir pour elle François Boudreau. Mais il meurt presque aussitôt sous les balles des policiers, Ciboulette se couchant sur son corps inanimé.


Analyse


Intérêt de l’action


La simplicité de l’intrigue est soulignée par l’organisation en trois actes mais sans découpage en scènes ou tableaux : un premier acte d'exposition (intitulé ‘’Le jeu’’) qui se termine par l'arrestation des jeunes gens ; l'interrogatoire, aux bureaux de la police, qui occupe tout le deuxième acte (intitulé ‘’Le procès’’) ; enfin le dénouement dans le troisième acte (intitulé ‘’La mort’’). Chacun de ces titres est un signe précisant le rythme mélodique, dégageant l'évolution de la pièce et sa signification essentielle.

L’action progresse autant par les événements (beaucoup de scènes physiques où les esprits s'échauffent ; les scènes d'interrogatoires qui sont fortes et dont le rythme ininterrompu permet au spectateur de ressentir toute la détresse du groupe d'adolescents ; quelques touches d'humour aussi) que par l’évolution des personnages, les uns et l’autre maintenant un suspense intense. Les dialogues se développent au rythme de l’action avec un grand naturel.

On ne change qu'une fois de décor, pour le deuxième acte : le premier et le dernier se jouent dans le même décor : une arrière-cour sur fond de hangars. À l'avant-plan, «une caisse de bois renversée» sert de trône au chef ; à l'arrière-plan, des cordes à linge «accrochées à un poteau croche planté derrière et dont le travers du haut», précise l'auteur dans ses indications scéniques, «donne l'impression d'une pauvre croix toute maigre, sans larron ni Christ dessus».

Les perspectives qu'ouvrent ces indications sur un monde symbolique nous font comprendre que, sur un banal canevas de mélodrame et dans une structure apparemment linéaire et d'une extrême simplicité, Marcel Dubé a voulu peindre un drame humain complexe et profond. Dans un décor quasi réaliste, c'est un drame poétique, d'«une poésie discrète», dit-il encore, qui tient à l'atmosphère générale : ambiance de jeux interdits, créée dès le lever du rideau par «le son grêle de l'harmonica» dont joue Moineau, et qui, comme la boîte renversée servant de trône à Tarzan ou la foi naïve et totale des personnages, nous situent d'entrée de jeu dans un univers d'enfants jouant au paradis : univers fermé et clandestin, à l'image de cette cache bien gardée qui sert d'entrepôt aux cigarettes, et de banque pour les profits réalisés et mis en commun. Univers délimité par l’arrière-cour et les hangars : y pénétrer, c'est franchir une frontière, passer de la vie réelle à celle du rêve.

C'est pourquoi ces adolescents jouent tous double jeu. Chacun, et le chef y insiste, travaille de son côté, a un emploi dans le système des adultes : ouvrier d'usine ou livreur. Mais cela sert simplement à mieux protéger leur vie secrète, celle où ils cessent même de s'appeler Arsène Larue, François Boudreau ou René Langlois, pour devenir Tit-Noir, Tarzan, Passe-Partout. Agacé par ces noms, l'un des policiers vitupère : «Vous êtes pas capables de vous appeler comme du monde?» Il montre bien par là qu'il n'a rien compris : on aura beau condamner à mort un dénommé François Boudreau, on ne pourra rien contre Tarzan ; il mourra, mais pas en prison : dans le paradis qu'il avait créé, et entre les bras de Ciboulette. Sa mort signifie l'impossibilité du rêve, la victoire définitive et fatale du réel sur le rêve. «Je vous avais promis un paradis», dit-il aux autres avant de mourir, «j'ai pas pu vous le donner et si j'ai raté mon coup c'est seulement de ma faute» - «Si Passe-Partout m'avait pas trahi», précise-t-il, «ils m'auraient eu autrement, je le sais». Il fallait à la fatalité un instrument pour le détruire, et c’est le traître Passe-Partout.

Ce qui rend plus tragique, cependant, le dénouement de la pièce et qui explique en même temps le ton, nettement plus lyrique, du troisième acte et du monologue final, c'est qu'il signifie également l'impossibilité de l'amour. Ce thème, le plus discret peut-être dans cette pièce, en est pourtant l'un des plus importants. Il évolue lentement d'abord, comme en contrepoint de l'action dramatique. On le devine, à la manière dont Ciboulette admire et défend Tarzan contre Passe-Partout; et déjà se dessine cette force du destin qui, en Passe-Partout, détruira à la fois le rêve et l'amour. Un autre personnage, Tit-Noir, ayant compris la beauté et la fragilité de cet amour, pressent ce drame. «Un jour», dit-il à Ciboulette, «tu voudras lui avouer ton amour, et il sera trop tard, ça sera plus possible...» L'aveu ne viendra, justement, que ce jour où il est trop tard. Il reste que, dès la fin du premier acte, ce thème de l'amour impossible entre Tarzan et Ciboulette est devenu le ressort secret de la pièce. À son retour, les paroles que Tarzan échange avec les autres, et surtout avec Ciboulette et Passe-Partout, sont chargées d'une double signification. Au-delà des ordres qu'il donne, on entend ces «mots d'amour», qu'il ne dit pas, qu'il cache, avait dit Tit-Noir, «dans le fond de sa gorge». Ainsi se détache une sorte de triangle amoureux où l'on trouve le héros et le traître, amoureux rivaux mais dont le centre est la jeune fille qui fait l'enjeu de cette rivalité.

Voilà qui élargit considérablement la signification de la pièce : “Zone” est plus que ce drame d'adolescents vivant, écrit l'auteur, «la triste agonie de leur adolescence», c'est une histoire d’amour. Mais l'unité exige que ces deux aspects du drame soient intimement liés : ils le sont, à partir du deuxième acte. L'interrogatoire se déroule d'abord selon les techniques policières habituelles ; mais tout converge progressivement vers la comparution de Ciboulette. La première, elle apprend qu'un douanier a été tué et elle se rappelle tout à coup les paroles de Tarzan, à son retour de la frontière. «On n'est pas des assassins nous autres... on n'est pas des criminels... on n'a jamais tué personne.» Dès ce moment, c'est visiblement en amoureuse qu'elle témoigne, cherchant à protéger moins le groupe que Tarzan. À son tour, lorsqu’il entre en scène, c’est en amoureux qu’il se porte farouchement à la défense de Ciboulette. Mais ils ne se sont pas encore avoué mutuellement cet amour qui est, en fait, le grand ressort dramatique de la pièce, et non plus l'appartenance au groupe.

Au troisième acte, le groupe lui-même, d'ailleurs, a perdu son âme, a perdu la foi : même Moineau, avec une sorte de cynisme involontaire, reconnaît la fin de son rêve. Chacun vient à tour de rôle partager l'attente de Ciboulette, laquelle s'accroche à la fois à son rêve et à son amour. Pour elle seule, Tarzan demeure un héros invincible. Or, lorsqu'il revient, après s'être enfui de prison, il cherche à ébranler sa foi : «Réveille-toi, Ciboulette, c'est fini tout ça... je m'appelle François Boudreau, j'ai tué un homme, je me suis sauvé de prison et je suis certain qu'on va me descendre.» Il veut la revoir pour lui avouer son amour, l'action dramatique du dernier acte reposant donc sur l'amour romantique de deux êtres qui ne se retrouvent qu'au seuil de la mort. Et l'on ne s'étonne pas qu'à la fin Ciboulette, comme Iseult à la mort de Tristan, se couche sur le corps inanimé de Tarzan : c'est là le couronnement et l'expression mythique de l'amour romantique, de l'amour impossible que la mort vient grandir et rendre éternel. «Y'a qu'une Ciboulette, avait dit Tarzan, qui est à deux endroits en même temps : devant moi et dans ma tête. Devant moi pour une minute et dans ma tête pour toujours.» Image étonnamment juste à la fois d'un amour qui meurt sans mourir, et de la pièce elle-même qui, construite au départ sur le seul groupe dirigé par Tarzan, se prolonge à la fin dans cette seconde action dramatique qui a fini par dominer la première. “Zone” est le drame poétique du rêve et de l'amour.

Il ressort également de l'analyse qui précède que la structure de cette pièce n'est pas aussi simple et banale qu'il y paraît au premier regard. Avec une grande économie de moyens et un rare sens de la technique dramatique, le jeune auteur a su manier tous les éléments de l'intrigue, l'affaire de la contrebande et la naissance de l'amour tragique, et les faire évoluer selon une progression discrète, mais nette. Grâce au personnage de Ciboulette, ce thème de l'amour malheureux, comme en attente au premier acte, s'intègre peu à peu si fortement à l'action dramatique qu'à la fin il la domine. De la sorte, cette pièce, dont la division en trois actes mais sans découpage en scènes ou tableaux offrait le danger d'une évolution trop linéaire et monotone, ne connaît à peu près pas de temps faible, le rythme dramatique imposé par la progression de l'intrigue policière se trouvant toujours repris et doublé par le thème de l'amour malheureux. En somme, sa structure est semblable à celle de la fugue musicale où deux thèmes alternent d'abord, et se rejoignent dans la mélodie finale.


‘’Zone’’ est une pièce habillement construite, passionnante et touchante.


Intérêt littéraire


Dans la littérature québécoise et, en particulier, dans les pièces de théâtre, s’est toujours posé le problème de la langue employée, de l’hésitation entre le réalisme intégral et le souci d’une certaine correction. Cette hésitation a été partagée par Marcel Dubé qui, paradoxalement, aujourd’hui, après le déferlement du « joual », semble avoir écrit en bon français alors qu’à l’époque on a pu lui reprocher de n'avoir pas assez soigné la langue.

En fait, on n’a pas à s’étonner que les adolescents qui sont issus d'un milieu populaire parlent une langue incorrecte et que ce soit aussi le cas des policiers qui les interrogent : «Vous êtes pas capables de vous appeler comme du monde?»

Ce qui est plus gênant, c’est que l’auteur n'a pas su conserver partout les mêmes normes, créant ainsi des écarts regrettables. Dans une même réplique, par exemple, Ciboulette dit : «Y ont dit qu'ils feraient vite. Ils savent que tu t'es évadé». L’accumulation de semblables incohérences, infimes en soi, fait que le charme est souvent rompu, que le ton juste de la pièce n'est pas soutenu. Par contre, le monologue final de Ciboulette offre l'exemple d'un curieux langage recherché : «Dors, mon beau chef, dors, mon beau garçon, coureur de rues et sauteur de toits, dors, je veille sur toi, je suis restée pour te bercer...»

Le titre aussi est étonnant, le mot « zone » au sens de faubourg misérable qui s’est constitué (malgré l’interdiction) sur les terrains des anciennes fortifications de Paris n’appartenant pas à l’usage québécois. Il n’est d’ailleurs utilisé, à la fin du deuxième acte, que par cet homme relativement instruit qu’est le chef de police : Tarzan, dit-il, est «surtout un pauvre être qu'on a voulu étouffer un jour et qui s'est révolté... Il a voulu sortir d'une certaine zone de la société où le bonheur humain est presque impossible».

Il reste que l’écriture de Marcel Dubé, d’une grande sensibilité, a ému des générations de spectateurs.


Intérêt documentaire


On trouve dans la pièce une profonde analyse sociale.

Déjà, Gratien GélinasDans avait créé Fridolin qui aimait parler des «gars de sa gang» avec l'accent de la fierté, et pour signifier que lui, le jeune gavroche, pitoyable dans sa solitude, n'avait besoin de rien ni de personne lorsqu'il était avec « sa gang », aveu d'autant plus touchant que, ces groupes se constituant essentiellement à partir d'une identité, le jeune homme qui aime s'y retrouver pour se sentir fort ne fait que multiplier autour de lui des images de lui-même. Mais s’est imposée ainsi l’image faible et pitoyable de l'homme dépourvu puisant une force magique dans le regroupement serré et un peu clandestin de ses semblables, l'image du Canadien français isolé, incapable d'assumer seul son destin et ne se retrouvant fort que dans le rassemblement illusoire de ses faiblesses. Le phénomène des « gangs », s’il est universel, prend une signification particulière lorsqu'il s'agit de groupes minoritaires ; aussi, l'image d'un groupe d'individus ne vivant que par et pour le groupe, sous l'autorité quasi sacrée d'un chef, paraît révélatrice du milieu canadien-français.

On l’a retrouvée chez Marcel Dubé, qui ayant passé son enfance dans le quartier populaire du ‘’Faubourg à m’lasse’’ à Montréal, fit preuve d’un grand réalisme sociologique pour évoquer un milieu qui est identifié par le langage et l'anecdote, qui est plus désespéré et moins structuré que le Saint-Henri que Gabrielle Roy avait montré dans “Bonheur d'occasion”.

Il opposa à l'effroyable apathie des bourgeois le désir qu’ont les cinq jeunes d’échapper au destin d’ouvrier, de livreur, au pire de chômeur, qui les attend. Ils refusent un avenir qui ressemble à celui de leurs parents, un travail qui n’est que de l'exploitation, mais ils ne savent pas quoi faire pour entrer dans le monde des adultes, pour camper leur identité et, faute de moyens, ils se résignent.

On peut percevoir dans leur rupture avec les valeurs de leurs parents, dans leur rêve d'affranchissement la nécessité de conquérir une assise identitaire dont la pierre angulaire serait une identité politique. Mais il ne faut pas voir dans “Zone”, comme l’ont fait beaucoup de critiques, un tableau du Québec des années cinquante, de ce qu’on a appelé « la Grande Noirceur », même si la pièce marqua profondément l'imaginaire des Québécois.


Intérêt psychologique


‘’Zone’’ est la pièce de Marcel Dubé où l'on retrouve le plus nettement «les vertiges et les sortilèges » de l'enfance : ses rêves d'un monde plus beau que le vrai. Il y a montré une fine connaissance intuitive, beaucoup d'acuité, d'empathie et de sensibilité, dans sa description des espoirs de l'adolescence, du désir de liberté et de l'enthousiasme des jeunes, de ce difficile passage au monde des adultes.


On peut remarquer que, dans ce tableau, les familles de ces jeunes sont notablement absentes. Paradoxalement, ces jeunes ne trouvent-ils pas un père dans le chef de police qui, toujours soucieux d'atténuer la dureté de ses lieutenants envers Tarzan, regrette : «J'espérais que ce soit pas lui... Je pensais à mon garçon qui a son âge et qui trouve la vie facile... Ça me fait drôle». Pour les autres, Tarzan est un assassin à condamner ; pour lui, un fils à aimer, maladroitement, imparfaitement sans doute, mais le lien de tendresse n'en est pas moins là.

Les cinq adolescents, de jeunes paumés à la recherche d'un monde impossible, sont authentiques et attachants dans la pureté de leur enthousiasme, la force de leurs rêves, leur foi naïve et totale. S'ils se comportent en hors-la-loi, ils sont, au fond, des idéalistes animés du désir de changer le monde, qui voulaient réaliser leurs rêves.

Mais ils sont différents les uns des autres.

Moineau, qui a un visage plein de rêve, est maladroit, bon enfant. Il fait la contrebande, non pas, comme les autres, pour s'acheter un jour une belle maison et une grosse voiture, comme les gens riches, mais «pour apprendre la musique», pour s'acheter «une autre musique à bouche», «une vraie, une plus longue avec beaucoup de clés et beaucoup de notes».

Surtout, se détache le trio formé par Tarzan, Ciboulette et Passe-Partout, une sorte de triangle amoureux.

Passe-Partout, au nom significatif qui suggère habileté et dissimulation, est le seul qui n'a pas cru pleinement au rêve, le seul à briser les conventions en ne travaillant pas à l'usine et en «volant pour vrai». Sa rivalité amoureuse avec Tarzan fait de lui un traître, un Judas.

Tarzan s’est donné ce nom parce qu’il est animé de cette puissante impulsion vitale qui va le pousser jusqu’au geste fatal qui compromet sa vie, parce qu’il allie courage, force et sensibilité. Aussi, à la fin, renoncer à son nom de chef de bande, retrouver son «vrai nom», c'est avouer l'échec du paradis, se «réveiller» d'un rêve soigneusement construit, et qui ne survit que dans le regard et l'étrange sourire illuminé de Ciboulette. S’il redevient François Boudreau, non plus pour l'ordre judiciaire mais pour Ciboulette, c'est que le moment est venu, pour lui, de quitter l'enfance et ses jeux interdits pour accéder à l'âge de l'amour, d'abandonner le cercle des amitiés magiques, pour former, ne serait-ce qu'un instant, un couple d'amoureux : «Je suis pas venu ici, dit-il à Ciboulette, pour trouver de l'argent, je suis venu pour t'embrasser et te dire que je t'aimais

Mieux campée que Tarzan, Ciboulette a la dureté, l'obstination, la fidélité indéfectible qui font les grandes héroïnes. De tous les personnages qu'a créés Dubé, elle est sans aucun doute celui qui ressemble le plus à ceux d'Anouilh : on dirait une Antigone qui refuse tout compromis avec la «vie réelle» (on peut remarquer qu’avec Moineau elle ne divulgue jamais son «vrai nom»), qui a juré fidélité au rêve qu’elle incarne pleinement, qui ne survit que dans son regard et son étrange sourire illuminé, et c'est par et dans son rêve que Tarzan meurt. Elle est peut-être le personnage axial de la pièce car, si Tarzan construit ce paradis du rêve où l'enfance cherche à se perpétuer, elle y introduit l'amour et, par conséquent, le rêve d'un bonheur pleinement adulte. Mais elle n'accepte de mêler au rêve l'amour qu'au moment où l'un ne saurait se prolonger sans l'autre ; où, en fait, l'un et l'autre sont emportés par une même fatalité. Puis, à la fin, elle reste l’amoureuse, laissant bien cette image quand, penchée sur le corps inanimé de Tarzan, elle prononce ces paroles étonnantes : «Dors avec mon image dans ta tête. Dors, c'est moi Ciboulette, c'est un peu moi ta mort... Je pouvais seulement te tuer et ce que je pouvais, je l'ai fait...»

Tarzan et Ciboulette sont des Roméo et Juliette contemporains qui se détachent de leur milieu sociologique comme d'authentiques figures mythiques.


Les personnages de Marcel Dubé sont de véritables archétypes.


Intérêt philosophique


‘’Zone’’ montre le caractère crucial de l’adolescence, « état de passage où l’illicite est roi », période marquée par la volonté de rupture avec les parents, par le désir d’un autre monde, et, en même temps, par le nécessaire passage à l’état adulte, par l’acceptation du monde tel qu’il est. Marcel Dubé a magnifié en ses personnages leur attachement à ce paradis du rêve où l'enfance cherche à se perpétuer. Puis il a montré que les paradis sont des illusions, que se réfugier dans cet espoir ne peut conduire qu’à un «réveil» pénible, à l'échec sinon au drame.

La pièce consacre donc l'impossibilité du rêve, la victoire définitive et fatale du réel sur le rêve. Mais ce passage au réel se fait par l’amour qui, au-delà de sa simple découverte qui a lieu dans la pièce, aurait été, le couple se formant, la famille se profilant, l’acceptation de responsabilités.

Au moment de la reprise de sa pièce en 2003, ne s’étonnant pas de sa constante actualité de sa pièce, Marcel Dubé déclara : « La jeunesse, qu’on le veuille ou non, est marginale tant qu’elle n’est pas devenue adulte. Marginale, non dans un sens pessimiste, mais dans le sens où elle a des droits sans avoir d’obligations ni de responsabilités. Cela dit, je crois qu’il est encore plus difficile d’être jeune aujourd’hui. »


Destinée de l’oeuvre


Lors de sa création le 23 janvier 1953, au Théâtre des Compagnons de Saint-Laurent, Monique Miller jouant le rôle de Ciboulette, ‘’Zone’’ bénéficia d'une exceptionnelle réception. Marcel Dubé, alors âgé de vingt-trois ans, fut couvert de récompenses, d’éloges. La pièce, présentée par “La jeune scène” au ‘’Dominion drama festival’’ tenu à Victoria (Colombie-Britannique) en 1953 y rafla tous les prix. Le triomphe de Dubé fut partagé par tous les Québécois. Désormais, il se vit investi d’une mision à remplir.

La pièce ouvrit pour le Québec une porte sur la modernité. Oeuvre fondatrice, elle offrit au théâtre québécois un statut résolument nouveau, devint un classique du répertoire, continuant, année après année, à être jouée ici et là dans des écoles, par des troupes d’amateurs, tenant une place privilégiée dans la carrière de Marcel Dubé.

En 2003, elle fut reprise à Montréal par la Nouvelle Compagnie Théâtrale, dans une mise en scène de Mario Borges. Il signa une relecture légèrement actualisée (un cellulaire au lieu d’un téléphone à fil, des vêtements d’aujourd’hui, la liberté avec laquelle les jeunes se touchent). Lui et l'auteur ont épuré le texte de ses réflexions plus philosophiques pour favoriser l'action, en montrant juste ce qu'il fallait du terreau sociopolitique qui la sous-tend, pour favoriser aussi la psychologie des personnages, leur passion, et conserver intacts les enjeux. Il en ressortit une action sans temps mort, exprimant une forte tension et une urgence incontrôlable, un drame tout à fait actuel. Car on put alors constater que, malgré ses aspects conventionnels, la pièce n'a pas vieilli, qu’elle demeure pertinente, que les personnages n'ont pas pris une ride même si les jeunes des années cinquante n'avaient pas tout à fait les mêmes problèmes, les mêmes possibilités, les mêmes manques que ceux d'aujourd'hui. Le spectacle obtint beaucoup de succès auprès des jeunes spectateurs qui ont assisté à l'une ou l'autre des quatre-vingt-cinq représentations données à travers le Québec. Si les adolescents sont à ce point touchés, c'est d'abord parce que les personnages ont leur âge et que la pièce décrit leur propre vie, leurs propres révoltes.

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Devant le succès que connut ‘’Zone’’, l’obligation d’être dramaturge, de constituer un répertoire québécois, devint impérieuse pour Marcel Dubé, d’autant plus qu’à ce moment-là, les Compagnons de Saint-Laurent disparaissant et étant remplacés par le Théâtre du Nouveau-Monde, la vie théâtrale québécoise allait bientôt connaître l’essor le plus spectaculaire de son histoire.

En 1953-1954, boursier du Québec, il fit en France des stages dans des écoles de théâtre et voyagea en Europe.

À son retour, il devint scénariste pour l'Office national du film (ONF), en plus d'être journaliste, auteur et réalisateur, à la fois pour la scène et la télévision dont l’avènement a propulsé sa carrière. De 1953 à 1958, il allait écrire quatorze dramatiques que Radio-Canada diffusa à la radio ; de 1952 à 1972, il allait écrire vingt-trois télé-théâtres pour la télévision, deux feuilletons et un quatuor, sans compter des séries de sketchs. Ainsi fut d’abord écrit pour la télévision en 1957 puis adapté pour la scène :

dimanche 27 avril 2008

Le texte de ZONE


LES PERSONNAGES
Le chef :
Roger:
Ledoux:

Passe-Partout:

Tarzan :
Ciboulette:
Moineau :
Ti-Noir :


L'homme qui vient inspecter l'endroit (ou femme )
Le narrateur ou la narratrice:

Conception Affiche:

Techicien Son:

Technicien éclairage:

Conception sonore:


Musique

Le narrateur ou la narratrice:Dans Zone, l'auteur Marcel Dubé transpose ses souvenirs de jeunesse mettant en scène 5 jeunes adolescents (4 garçons et une fille)

Dans les années cinquante, à Montréal, dans un quartier populaire, s’est formée une bande d'adolescents issus d'un milieu ouvrier très modeste, quatre garçons : Tarzan, Moineau, Tit-Noir, Passe-Partout, et une fille : Ciboulette. Tarzan est leur chef ; toute la bande l’admire, à l'exception de Passe-Partout qui le jalouse parce que Ciboulette l’aime. Ils squattent une usine désaffectée et participent à la contrebande de cigarettes américaines que Tarzan se procure en allant les chercher aux États-Unis, franchissant illégalement la frontière chaque semaine. Mais voilà qu'un jour, sous l'effet de la peur et de la panique, Tarzan perd ses moyens.

D'une extrême sensibilité, l'écriture de Marcel Dubé a ému des générations de spectateurs par la finesse de son style et l'intelligence de son regard.

Musique


(On commence par la fin sans vendre le "punch")

Ciboulette: Je pourrais mourir Tout de suite rien que pour savoir une seconde que tu vis.

Tarzan : (La regarde longuement, prend sa tête dans ses main et l'appuie sur son épaule en la serrant fort) Bonne nuit Ciboulette.

Ciboulette: Bonne nuit Francois .(Il dépose un baiser son son front et s'en va vite) C'est lui qui va gagner, c'est lui qui va triompher..Tarzan est un homme . Rien ne peut l'arrêter: pas même les arbres de la jungle, pas même les lions, pas même les tigres. Tarzan est le plus fort. Il mourra jamais.

(NOIR SUR SCÈNE -Ponctuation musicale)

Ciboulette: (sévère)C'est défendu de voler.

Passe-Partout: Tu me fais rire de plus en plus

Ciboulette: C'est défendu par le chef, c'est dans les règlements de la bande.

Passe-Partout: (Confrontant)Tu me fais rire parce que tu parles comme si tu n'étais pas une voleuse toi aussi.

Ciboulette: Je suis pas une voleuse. Faire la contrebande des cigarettes, c'est pas voler.

Passe-Partout: C'est voler la société, c'est voler le gouvernement

Ciboulette: On les vole pas, on les trompe. C'est pas pareil.

Passe-Partout: T'as bien appris ta lecon....(Monologue intérieur. Les acteurs figent ) Ciboulette m'aimera jamais. Parce que j'suis pas le chef. Pour elle, j'suis un p'tit voleur. Si Tarzan un jour pouvait disparaître...Peut-être qu'elle m'aimerait... Peut-être... J'aimerais ca moi aussi être un chef

Moineau: (dans son monde)On sait jamais ce que les autres pensent...(Il réfléchit) La musique, elle, fait pas de mensonges . La musique parle pour vrai , pas les mots.....

Tit Noir: (Nerveux) C'est insupportable d'attendre , j'en peux plus, c est trop ennuyant,

Ciboulette: Va voir chez Johnny, Tit-Noir. Y est peut-être arrivé.

Tit Noir: Peut-être ., Attends-moi j'y vais.

Ciboulette: Quand tu reviendras on décampera s'y est pas arrivé.

Tit Noir: Y est pas là.

Ciboulette: T'es sûr ?

Tit-Noir: Oui. La mère de Johnny m'a même dit qu'elle s'inquiétait.

Ciboulette: Bon. Qu'est-ce que le chef a dit de faire s'il rentrait pas à l'heure convenue, Tit Noir?

Tit Noir: : De prendre le large, au cas où la police les arrête en chemin et les force à parler et à dire où se trouve la cachette. Faut disparaître pour pas qu'ils nous prennent nous autres aussi.

Ciboulette: C'est ce qu'on va faire tout de suite alors.

Tarzan: Restez tous, J'arrive .

Tous: Tarzan!

Ciboulette: Ils t'ont donné du mal. De coutume , Tu reviens pas si tard!

Tarzan: T'inquiète pas pour moi, je reviendrai toujours. Moineau ! Attrape ca ! (Moineau recoit le colis et va le cacher)

(Tarzan va s'asseoir sur son trône)

Tarzan: (crie) Passe-Partout ! Passe-Partout ! J'ai à te parler .

Passe-Partout: Qu'est-ce que tu veux savoir Tarzan ?

Tarzan: Je veux savoir d'abord si tu t'es trouvé de l'ouvrage ?

Passe-Partout: Non, pas encore. J'ai fait beaucoup d'endroits: ils voulaient jamais de moi..

Tarzan: C'est pas une raison. Si demain t'as rien trouvé, tu remettras plus les pieds ici. Le jour où j'vous ai demandé de me suivre, je vous aie posé des conditions et vous les avez acceptés, pas vrai ?

Passe-Partout: C'est vrai Tarzan.

Monologue de Passe Partout (à créer) (Facultatif)


(Moineau revient)

Moineau: Tarzan, un homme est venu .

Tarzan: Quel homme ?

Moineau: Je l'avais jamais vu. Passe-Partout était dans le hangar.

Tarzan: Passe-Partout ? Tu t'es pas fait suivre en venant ici ?

Passe Partout: Non, j'suis certain....il y avait personne...

(Un homme entre et s'approche de Tarzan)

L'homme: Bonsoir !

Tarzan: Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ?

L'homme: C'est bien ici qu'on vend des cigarettes américaines ?

Tarzan: On vend pas de cigarettes. Pas plus américaines que canadiennes. Vous êtes pas dans une tabagie.

L'Homme: On m'a mal renseigné . Excusez moi. (L'Homme fait comme s'il allait partir et puis se retourne ) Y'a des jeux qui coûtent cher dans la vie, vous savez. (Il s'en va)

(Coups de sifflets)

(La gang devient très nerveuse)

Tit-Noir: C'est impossible, ils arrivent entre les hangars.

Tarzan: On est cernés, ils sont partout.

Tit-Noir: Qu'est-ce qu'on fait ?

Tarzan: On essaie quand même : Chacun pour soi. (Tarzan prend la main de Ciboulette et s'enfuit avec elle par le fond. Tit-Noir s'enferme dans le hangar tandis que Passe-Partout s'esquive par la gauche. Moineau reste seul et désemparé au milieu de la cour . Moineau va lentement sur le trône de Tarzan et prend son harmonica pour jouer un air. )

Musique




Le narrateur:

La police découvre le pot aux roses.....On les amène donc au poste de police pour les interroger...un par un.....


SCÈNE MOINEAU

Le chef: Qu'est-ce que vous faisiez avec ces cigarettes ?
Ledoux : Vous vouliez les fumer je suppose ?
Le Chef : Allons, parle, dis-nous le nom du fournisseur (Moineau se tait)
Ledoux : Réponds
Roger : Réponds ou bien on te jette en prison tout de suite (Moineau se tait toujours)
Le chef : Tu veux rien dire hein ?
Moineau : Non. Je suis pas un traître moi.

(noir sur scène)
(Ponctuation musicale)

SCÈNE INTERROGATOIRE TIT-NOIR

Le chef: Alors si j 'comprends bien tu avoues toi aussi.
Tit-Noir : Mais non j'avoue rien
Le chef : Mais puisque tu dis que Moineau aurait du se taire. C'est donc que tu avoues qu'il y avait quelque chose a cacher.
Ledoux : Et en l'occurrence, ce petit quelque chose....
Roger : C'était la contrebande.
Le chef : Voilà !
Tit-Noir : Vous êtes pas propres

(noir sur scène) {Ponctuation musicale)


SCÈNE: ENTRE POLICIERS
Le chef: Messieurs, les événements se précipitent. Un douanier américain a été tué d'une balle vers six heures cet après-midi alors qu'il faisait sa ronde dans le bois.
Roger : Faut donc arrêter l'interrogatoire ?
Le Chef : Au contraire, faut le poursuivre. C'est le début de mon enquête.

Ledoux : Vous avez des soupçons chef ? Moi, je ne crois pas ces enfants capables de....
Le Chef : Il y a quelqu'un qui leur vendait des cigarettes et quelqu'un qui les passait.

(noir sur scène) {Ponctuation musicale)


SCÈNE INTERROGATOIRE PASSE-PARTOUT

Passe-Partout:
Si j'avoue, si je dis tout, vous me laissez sortir?
Roger:
Promis
Le chef: Même pas de procès , sauf si t'as fait quelque chose de vraiment mal....
Ledoux: Comme tuer un douanier...
Passe-Partout: NON ! C'est Tarzan , Ciboulette l'aime et lui s'en est même pas rendu compte , il prend tous les risques, il me rabaisse, c'est sa faute, tout est de saa faute, moi j'ai rien fait....
Le chef: Bien....


(Noir sur scène) (Ponctuation musicale)


SCÈNE INTERROGATOIRE CIBOULETTE

Ledoux
: On est surs que tu le sais parce que c'est écrit dans tes yeux.
Ciboulette : (qui ferme les yeux) Y a rien d'écrit dans mes yeux.
Roger : Oui
Ciboulette : Non.
Ledoux : T'as beau fermer les yeux on voit au travers.
Le chef : On voit au travers
Ledoux : Vas-y dis le ! '
Le chef : Détends toi et dis le , tu vas voir c'est facile.
Ledoux : Tu seras délivrée après.
Roger : T'auras plus à te cacher
Le Chef: Essaie. Juste à ouvrir les lèvres et c'est fini.
Ledoux : Une ou deux syllabes c'est rien dans une conversation.
Ciboulette : Laissez moi laissez moi que je vous dis.
Le chef : Après on te laissera
Roger : Après l'aveu, c'est juré (11 lui touche l'épaule)
Ciboulette : Touchez-moi pas, vous avez pas le droit, touchez moi pas..
Le Chef: Parle alors !
Roger : C'est la seule chose à faire
Ledoux : Si tu veux en sortir.
Le chef: Parle !
Roger : Parle !
Ledoux : Parle !
Roger : Parce qu'on te lâchera pas
Ledoux : On va aller jusqu'au bout.,
Roger : Jusqu'à ce que tu avoues.
Le chef : Jusqu'à ce que tu le cries
Ciboulette : (se lève le regard perdu et crie) Non.. .je ne parlerai pas.. .je parlerai pas (Elle se sent défaillir) Tarzan! Tarzan! Viens me sauver. (Elle s'affaisse. Roger se penche et la ramasse. Sa tête est inerte et tombe en arrière)

(noir sur scène) (Ponctuation musicale)


SCÈNE "MAINTENANT LE CHEF"
Le chef
: Ce Tarzan dont ils parlent à tour de rôle semble leur inspirer beaucoup de respect. Ledoux : C'est le plus vieux des cinq
Le chef: Quel genre ?
Ledoux : Genre fier et orgueilleux, la tête droite, le corps élancé. L'arrogance dans les yeux. C'est leur chef, apparemment. C'est lui qui devait donner les ordres.
Le chef: Allez me le chercher....

(Ponctuation musicale)

SCÈNE INTERROGATOIRE TARZAN
Tarzan : On m'appelle Tarzan.
Le chef : Ton vrai nom !
Tarzan : François Boudreau
Le chef: Ton âge ?
Tarzan : 21 ans
Le chef : Majeur.. .donc responsable. Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
Tarzan : J'suis orphelin
Le chef : A part ça?
Tarzan : Rien
Le Chef : Tu demeures où ?
Tarzan : Chez mon oncle, quand ça me le dit
Le chef : Pourquoi, quand ça te le dit ?
Tarzan : Parce que mon oncle et moi on s'aime pas. Quand je peux aller dormir ailleurs je !e
tais.
Le chef: C'est toi le chef des cinq ?
Tarzan : C'est moi
Le chef : Pourquoi tu fais la contrebande ?
Tarzan : Pour vivre.
Le chef: Tu peux pas vivre en travaillant honnêtement ?
Tarzan : Travailler honnêtement, ça veut rien dire. Je veux vivre mieux que les pauvres, que
les caves.
Le chef: Je vois. Tu sais que c'est défendu la contrebande ?
Tarzan : Je me fiche des lois
Le chef : Les lois sont faites pour tout le monde mon garçon.
Tarzan : Pas pour moi.
Le chef : Un douanier a été tué cet après midi en faisant sa ronde dans le bois.
Ledoux : Un homme qui faisait son devoir a été tué.
Roger : Probablement parce qu'il faisait son devoir.
Le chef : Or. y'a un rapport évident pour nous entre ce crime et la contrebande de cigarettes
qui se fait dans la province. Comme tu es chef d'un réseau de contrebande tu peux sûrement nous aider à trouver le coupable.
Tarzan : Vous pouvez me frapper si le cœur vous en dit ça changera rien. J'en ai reçu des
coups dans ma vie ; à l'école, chez mon oncle, dans les rues : je les ai encaissés et je
les ai remis. Je me suis endurci et je peux en recevoir encore plus, ça me fera pas
parler
Ledoux : T'as tiré le douanier avec un 38, hein, dis -le !
Tarzan : Non ! Non ! Non !
Le chef : Avec un 38 à bout portant. Il est mort tout de suite.
Tarzan : C'est pas vrai
Ledoux : Qu'il est mort tout de suite ?
Tarzan : Que j'ai tiré dessus. C'est pas vrai.
Roger : Mais oui c'est vrai. C'est après que t'as vu que ses yeux étaient noirs. Y a du
mourir les yeux ouverts.
Tarzan : Non
Ledoux : Oui il saignait beaucoup. T'avais peur, c'était ton premier crime.
Tarzan : Non
Roger : Ou t'as mis ton arme ?
Tarzan : J'avais pas d'arme
Le chef : il nous faut l'arme du crime
Tarzan : Vous l'aurez pas
Le Chef : Donc tu avoues.
Tarzan : Non. Vous me faites parler de force et je dis des choses qui sont pas vraies.
Ledoux : C'est la vérité qui commence à percer.
Roger : Faut questionner beaucoup pour savoir toute la vérité.
avoir toute la vérité.
Le chef : Faut questionner jusqu'au bout. Faut détruire toute résistance
Roger : Avoue !
Ledoux : Avoue !
Le Chef : Avoue Tarzan !
Tarzan: (Crie) Oui J'AVOUE ! j'avoue, laissez-moi...Laissez Ciboulette ! C'est ma faute, laissez Ciboulette tranquille....
Roger: T'avoue avoir tué le douanier...
Tarzan: Oui, oui, c'est moi (Il se penche et gémit)
Le chef: Bon Roger, reconduisez-le à sa cellule...

(Les acteurs figent jusqu'à la fin du texte du narrateur)


Narrateur : Alors que Passe-Partout tente de s'imposer comme chef, après trois jours de détention, Tarzan s'enfuit de la prison dans le seul dessein de revoir Ciboulette pour lui avouer son amour, pour redevenir pour elle François Boudreau. ...S'il refusait de succomber à l'amour pour mieux jouer son rôle de chef, c'est maintenant Ciboulette qui est prête à sacrifier ses espérances et ses sentiments pour que le chef continue à jouer son rôle.

(les policiers quittent la scène en apportant bureau et chaises. Quelqu'un vient soulever la chaise de Tarzan et celui -ci en se levant se retrouve seul dans la ruelle. Il a l'air désespéré.)

Ciboulette
: On va aller le défendre au procès hein? Tu crois qu'il risque la prison?
(Moineau dit rien)
Ciboulette: Ils vont le pendre tu penses?
Moineau: Je pense, oui. Quand on tue, on meurt, non?
Ciboulette: Avec une corde? Autour du cou?

(Entre Tit-Noir en courant, avec un grand sourire)

Tit-Noir: Il est parti ! Il s'est sauvé ! Ils l'ont plus, il s'est sauvé !!


Narrateur: Voici la dernière scène de la pièce./ Le désespoir de Ciboulette donne à l'œuvre /un sens tragique /et fait de ces jeux interdits et de ces rêves d'adolescents/ un prix lourd à payer. /

Tarzan
: (pleurant)Je suis tout seul. Ils vont me prendre encore. (Il fait le tour de la scène et crie) Qu'est-ce que vous attendez pour tirer ? Je sais que vous êtes là, que vous êtes partout, tirez !

Ciboulette : (elle se jette sur lui) Tarzan, pars, pars, c'était pas vrai, pars, t'as une chance, rien qu'une sur cent c'est vrai mais prends-la, Tarzan prends-la si tu m'aimes...Moi je t'aime de toutes mes forces et c'est là où il reste un peu de vie possible que je veux t'envoyer....Je pourrais mourir tout de suite rien que pour savoir une seconde que tu vis.

Tarzan : (la regarde longuement, prend sa tête dam ses mains et l'effleure comme au premier baiser) Bonne nui! Ciboulette

Ciboulette : Bonne nuit François...Si tu réussis, écris-moi une lettre.

Tarzan ; Pauvre Ciboulette...Même si je voulais, je sais pas écrire.

(Il la laisse,escalade le petit toit et disparaît. Un grand sourire illumine le visage de Ciboulette)
Ciboulette : C'est lui qui va gagner, c'est lui qui va triompher... Tarzan est un homme . (Toutes les Ciboulette) Rien peut l'arrêter : pas même les arbres de la jungle, pas même les lions. pas même les tigres. Tarzan est le plus fort. Il mourra jamais.

(Coups de feu)
(Tarzan revient sur scène, criblée de balles)


Ciboulette: Tarzan, Tarzan , parle moi ...Tarzan , tu m'entends pas ? (Elle prend conscience qu'il est mort. Un long temps. Tarzan tombe par terre et Ciboulette s'agenouille à côté de lui) Y m'entends pas. La mort l'a pris. Dors mon beau chef, dors avec mon image dans ta tête....Dors.....
Moineau vient s'asseoir sur le trône de Tarzan en jouant un dernier air avec son harmonica. Fade out . Applaudissements.



FIN DU SPECTACLE